J'aurais voulu, maman...
J’aurais voulu, maman, avant que vous partiez,
Vous faire le plaisir, qui aurait été si grand,
De vous dire combien, moi, votre vieil enfant,
A aimé le présent que vous lui avez donné,
En créant un beau jour cet être hétéroclite,
À la santé fragile, aux idées insolites,
Faible et malgré sa peur, trop souvent audacieux,
Sachant sous le ciel gris rêver d'un ciel tout bleu...
Cet être que je suis, toujours rempli d'espoirs.
Mais qui, voyant venir l'apaisement du soir,
Les folles ambitions étant déjà finies,
Trouve que le roman sinueux de sa vie,
Malgré tant d'inquiétudes et tant de déceptions,
Malgré le prix payé aux grandes illusions,
Valait d’être vécu. Je voulais vous le dire…
Mais le temps est passé…
J’aurais voulu, maman, mais je ne l’ai pas fait,
Et me sens le besoin, aujourd’hui, de l’écrire.
Paris, 27 septembre 1973.
Texte de Jean Gourguet.